1951-1961
La retraite à Meudon
Les Destouches passent l'été chez Paul Marteau,
à Nice, rendent visite aux parents de Lucette domiciliés à Menton et à Albert Paraz, à Vence. Céline signe en juillet un
contrat avec les éditions Gallimard. En septembre,
le couple emménage à Meudon, au 25 ter route des Gardes.
Lucette ouvre un cours de danse et Céline un cabinet médical.
Au même moment, Céline intente un procès aux éditions Julliard
qui viennent de publier le Journal d'Ernst Jünger. L'écrivain s'estime diffamé
et Ernst Jünger reconnaît lui-même que son éditeur français a effectué une
modification de son texte (le nom de "Merlin" est devenu
"Céline"...).
Entre mars et mai 52 les éditions Gallimard réimpriment toute
l'uvre de Céline hormis les pamphlets. Féerie
pour une autre fois est publié en juin. La critique boude le nouveau roman de
Céline et, à de rares exceptions près (Gaëtan Picon, Maurice Nadeau, Roger Nimier,
Jean Paulhan et évidemment Albert Paraz), elle
demeure muette.
En janvier 1953, André Parinaud publie la première interview de
Céline depuis son retour d'exil (voir Céline et son art).
Cette initiative a peu d'impact et Céline achève Normance,
la seconde partie de Féerie, publié
en juin 1954 et dont le succès reste aussi confidentiel. La Nouvelle Revue Française
édite en cinq livraisons Entretiens avec le
Professeur Y, qui ne rallume toujours pas les passions des lecteurs. Voyage est réédité en collection de
poche et au "Club du Meilleur Livre". Cela offre à Céline l'occasion de donner
une longue interview, la première d'une très longue série. Finalement, Entretiens avec le Professeur Y paraît chez
Gallimard en juin 1955.
A partir de 1956, les lecteurs de Céline se font plus nombreux,
grâce à la diffusion de Voyage en
poche et à un reportage publié dans Paris Match présentant l'écrivain en
compagnie de Michel Simon et d'Arletty à l'occasion de
l'enregistrement d'un disque. Céline est en train de rédiger D'un château l'autre et de plus en plus de
journalistes viennent à Meudon pour l'interviewer. Dans son
pavillon, l'écrivain cultive son décor et son personnage.
D'un château l'autre
est édité en 1957 et Céline est l'invité de Lecture pour tous, l'émission
télévisée de Pierre Dumayet. L'accueil de ce nouveau roman est favorable. Quelques
débats reprennent, opposant les pros et les antis Céline. Il écrit alors Vive
l'aministie, monsieur ! pour faire cesser les polémiques. Mort à crédit est publié en édition de
poche, avec les fameux blancs.
A partir de 1959, des universitaires commencent à s'intéresser
de près à Céline. Gallimard, en mai, réédite les ballets
de l'écrivain sous le titre Ballets sans musique sans personne sans rien,
illustrés par Éliane Bonabel. L'équipe d'En
français dans le texte enregistre une émission télévisée à Meudon
mais des protestations en font interdire la diffusion.
En mai 1960 paraît Nord,
la suite de D'un château l'autre.
Céline travaille sur plusieurs projets, notamment l'adaptation cinématographique de Voyage au bout de la nuit par Claude
Autan-Lara et son entrée dans la "Bibliothèque de la Pléiade" pour laquelle
il réécrit les passages censurés de l'édition originale de Mort à crédit (il faut noter que l'actuelle
édition Folio reprend cette version "remaniée" et aseptisée). Céline entame
également "Colin-Maillard" qui deviendra Rigodon. Le 30 juin 1961 il a enfin
achevé la deuxième version de ce roman. Le lendemain, le 1er juillet, à 18 heures,
Louis-Ferdinand Céline meurt d'une rupture d'anévrisme. Son décès ne sera annoncé par
la presse que le 4, après son inhumation au cimetière de Meudon...