Mort
à crédit

Ed. Denoël & Steele, 1936

 

- Résumé - Critiques -

- Illustrations de Gen Paul (1944) -

 

Ed. Folio, Tome 1, 1977

Ed. Folio, Tome 2, 1977

 

Lorsque Céline entreprend la rédaction de Mort à crédit, son second roman, nous sommes à l’automne 1932. Ce travail l’absorbera pendant plus de trois ans puisque l’ouvrage, à la publication maintes fois reportée, ne figurera en librairie qu’au printemps 1936. Trois ans et demi d’écriture, de ratures, de suppressions, de corrections, d’ajouts, de constants remaniements, d’angoisses, d’épuisement, d’insomnies :
" Si j’avais bien dormi toujours, j’aurais jamais écrit une ligne. "
Ce manuscrit demande à son auteur une rigueur toute particulière. Les mots y deviennent de plus en plus nus, dépouillés, métamorphosés en éléments quasi-autonomes, premières réelles esquisses de la " petite musique " célinienne dont l’écrivain a besoin pour dire les choses, écrire ses hantises en les imprégnant d’un rendu émotif qui l’obsédera jusqu’à son dernier soupir. Il est vrai que le contraste stylistique entre Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit est flagrant. Les aphorismes présents à chaque page du premier s’estompent dans le second au profit d’une recherche technique évidente. Désormais, Céline va s’attacher à la description d’un monde particulier, à la rédaction de son fameux projet autobiographique, initialement composé de trois oeuvres : enfance (Mort à crédit), guerre (Casse-pipe, perdu ? inachevé ?), Londres (Guignol’s Band). Quand bien même l’expérience personnelle de Céline ne peut absolument pas être dissociée de celle de Bardamu, narrateur du Voyage, son travail d’écrivain va pourtant s’orienter dans une voie beaucoup plus intimiste car, cette fois, il choisit d’exposer le sombre tableau familial, son enfance, ses relations parentales . Et la plume, patiemment, tranche dans le vif du sujet, comme une machette taille dans un corps... Par la suite, Céline interdira d’ailleurs à sa mère de lire Mort, volonté à laquelle cette dernière se pliera volontiers.

Ce que l’écrivain ne pouvait prévoir, c’est que son roman serait loin, très loin de faire l’unanimité parmi les critiques lors de sa parution. Le mystérieux médecin du dispensaire de Clichy était, depuis le tollé et " l’affaire Goncourt " qui avaient succédé à son premier ouvrage, pour le moins attendu au tournant. Ce roman est structuré comme Voyage en deux grandes parties. La première relate l’enfance et l’adolescence de Ferdinand, le narrateur, jeune garçon prisonnier d’une cellule familiale déchirée, au tout début du siècle, dans le second arrondissement de Paris. La seconde nous fait découvrir l'expérience de Ferdinand aux côtés de Courtial des Pereires, inventeur farfelu, qui lui permettra de réintégrer un noyau familial.

" Nous voici encore seuls. Tout cela est si lent, si lourd, si triste... Bientôt je serai vieux. Et ce sera enfin fini. Il est venu tant de monde dans ma chambre. Ils ont dit des choses. Ils ne m'ont pas dit grand-chose. Ils sont partis. Ils sont devenus vieux, misérables et lents chacun dans un coin du monde. "

 

Ed. Denoël, illustrée par Gen Paul, 1943

Ed. du Livre de Poche, 1958

Ed. Folio, 1993