" Le livre va paraître enfin.
Vous en savez le ton - cela va bien plus loin que Voyage. Bien sûr Courtial
c'est de Graffigny grand inventeur et prince du rafistolage - génial imposteur à qui je
dois beaucoup vous le savez. Les psychanalystes vont être ravis, je n'ai pas lésiné...
" Lettre de Céline à Joseph Garcin, 21 avril 1936.
Le récit s'ouvre par un
prologue dans lequel Ferdinand, le narrateur, adulte et médecin, est pris à partie par
Gustin Sabayot, son cousin, qui lui conseille d'écrire des choses plus agréables.
Ferdinand reprend alors sa Légende du Roi Krogold. Alors qu'il est saisi par un
délire dû à la fièvre, Clémence, sa mère, vient lui rendre visite. Incapable de
supporter les mensonges de celle-ci au sujet de son père, Ferdinand est assailli par les
souvenirs et se replonge dans son enfance.
Le narrateur se souvient des
visites que lui et sa mère effectuaient chez Mme Héronde, qui reprisait des dentelles
pour le magasin de Caroline, mère de Clémence et grand-mère de Ferdinand. L'enfant vit
avec ses parents rue de Babylone puis la famille déménage rapidement au Passage des
Bérésinas, à Paris. Clémence ouvre une boutique de "dentelles et
antiquités". Auguste, le père, est employé de bureau dans un cabinet d'assurances,
sous les ordres de M. Lempreinte et effectue des livraisons le soir chez les clientes de
la boutique. Le nouvel appartement est étriqué et les empoignades entre Auguste et
Clémence sont aussi fréquentes que violentes. Ferdinand trouve auprès de son oncle
Edouard et de Caroline des échappatoires sentimentaux qui lui permettent de fuir le
climat dans lequel il vit.
L'école ne convient pas à
Ferdinand. Un matin, on le renvoie chez lui à cause d'une méningite. Durant sa
convalescence il se rapproche encore plus de sa grand-mère. La mort prématurée de
Caroline lui cause un énorme chagrin. La boutique de Clémence rapportant peu d'argent,
elle décide, en accord avec Auguste, d'aller faire la tournée des marchés de banlieue.
Elle emmène Ferdinand qui découvre les joies de la désobéissance avec Popaul, un
vendeur de boutons. La petite famille part en excursion en Angleterre. La traversée de la
Manche est une catastrophe. La tempête rend malades tous les passagers. Après son retour
à Paris, Ferdinand passe son certificat d'études et l'obtient. Il est prêt à entrer
dans la vie.
Ferdinand devient commis chez
Berlope et fait la connaissance de M. Lavelongue, un supérieur sadique qui finit par le
renvoyer après l'avoir surpris en train de lire la Légende du Roi Krogold au
petit André. Auguste est furieux et Ferdinand se met à chercher un nouvel emploi dans la
bijouterie. Grâce à l'appui de Clémence et d'Edouard, il trouve un emploi chez Gorloge.
Ferdinand est félicité par son patron grâce à la commande d'un bijou obtenue auprès
d'un chinois et qui permet de relancer la boutique. Mais Gorloge est rappelé par l'armée
pour faire ses 28 jours et Ferdinand reste auprès de Mme Gorloge, d'Antoine -son amant-
et d'un jeune apprenti. Un soir, Mme Gorloge vampe Ferdinand et, après l'avoir
déshabillé et littéralement violé, s'arrange pour lui dérober le bijou. Le scandale
est tel qu'Auguste et Clémence décident de l'envoyer en séjour linguistique en
Angleterre, au Meanwell College.
Sitôt débarqué à
Rochester, Ferdinand fait la connaissance de Gwendoline, une vendeuse de beignets. Il
n'arrivera que très tard au collège, dirigé par Peter et Nora Merrywin. Durant son
séjour, Ferdinand n'ouvrira pas la bouche. Il tombe sous le charme de Nora Merrywin et
l'accompagne durant la journée pendant qu'elle promène Jonkind, un enfant handicapé.
Les finances du collège s'épuisent. Les pensionnaires désertent peu à peu les lieux.
La veille de son départ, Nora rejoint Ferdinand dans son lit avant de se suicider par
noyade.
Le retour à Paris montre à
Ferdinand que ses parents s'enfoncent de plus en plus dans la misère. Un jour, chargé de
faire quelques courses par sa mère, il dépense l'argent et rentre chez lui à une heure
du matin. Auguste devient furieux et Ferdinand, légèrement saoûl, le frappe avec une
machine à écrire. Edouard, son oncle, vient le chercher et l'adolescent part habiter
chez lui.
Edouard présente Ferdinand à
Courtial des Pereires, inventeur farfelu marié à Irène, femme très masculine.
Ferdinand est embauché comme assistant au Génitron et adopté comme un fils. Un
concours lancé auprès d'inventeurs tourne à l'émeute et Ferdinand et Courtial
désertent le Génitron pour Montretout, là où résident les des Pereires. Courtial,
saoûl, annonce à Irène qu'il a vendu le pavillon et qu'il compte lancer un projet
d'agriculture tellurique. Ferdinand fait ses adieux définitifs à ses parents et suit les
des Pereires jusqu'à Blême-le-Petit, en campagne picarde.
Courtial met en place le
"Familistère de la Race Nouvelle" et accueille des enfants, très vite laissés
à eux-mêmes. Au fiasco provoqué par l'agriculture tellurique s'ajoute l'arrestation des
enfants qui ont commis des vols dans les fermes voisines. Les premières arrestations ont
lieu et le froid et le gel finissent par avoir raison des ambitions scientifiques de
Courtial. Et puis, un matin, Courtial a disparu. Le facteur annonce que l'on a retrouvé
son corps. Courtial s'est suicidé d'un coup de fusil dans la tête. Irène pleure son
mari, les enfants sont emmenés. Le chagrin d'Irène se transforme en colère et elle fait
quelques confidences à Ferdinand sur leur couple. L'enquête de police suit son train et
le lendemain, une ambulance emporte le corps. Ferdinand et Irène se séparent.
L'adolescent rentre à Paris,
est pris de vomissements, et se rappelle Courtial en regardant le ciel. Il rejoint le
domicile de l'oncle Edouard, lui fait part de ses projets. Ferdinand compte s'engager dans
l'armée.
" - Dis donc je laisse ma porte
ouverte !... Si t'as besoin de quelque chose aie pas peur d'appeler !... C'est pas une
honte d'être malade... J'arriverai immédiatement !... Si t'as encore la colique tu sais
où sont les cabinets ?... C'est le petit couloir qu'est à gauche !... Te trompe pas pour
l'escalier !... Y a la "Pigeon" sur la console... T'auras pas besoin de la
souffler... Et puis si t'as envie de vomir... t'aimes pas mieux un vase de nuit ?...
- Oh ! non mon oncle... J'irai
là-bas...
- Bon ! Mais alors si tu te lèves
passe-toi tout de suite un pardessus ! Tape dans le tas ! n'importe lequel... Dans le
couloir t'attraperais la crève... C'est pas les pardessus qui manquent !...
- Non mon oncle. "
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