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Le dramaturge Céline ne possède pas le talent du romancier et lui-même en convient un peu ironiquement : "Je ne suis pas un homme de théâtre, peut-être que mes dialogues les feront marrer... En tout cas, il y a une technique spéciale, des trucs, un certain nud qui m'échappe..." (L'Intransigeant, 1er juillet 1933). Les deux pièces de théâtre écrites par Céline sont pourtant intéressantes dans la mesure où elles précèdent et préfigurent sa production romanesque. On reconnaît, dans L'Église, le canevas grossier de Voyage au bout de la nuit et, dans Progrès, les personnages de Mort à crédit.
Mise en scène à Lyon en décembre 1936 par Charles Gervais au théâtre des Célestins, L'Église ne connut qu'une seule représentation. Même l'auteur ne trouva pas utile de s'y déplacer. Ce n'est qu'en... 1973 que François Joxe s'attellera à reprendre la mise en scène de L'Église d'abord au théâtre de la Plaine à Paris, puis au théâtre des Mathurins. En ce qui concerne Progrès, Céline n'a jamais songé à la faire publier. Cette pièce, bancale, mêlant les genres sans trop de cohérence, est plus à découvrir comme un exercice de style ou un galop d'essai, comme le miroir des hantises de Céline en 1927. Mercure de France ne la publiera qu'en 1978.
* Céline au théâtre : Historique des mises en scène des pièces et textes de Céline, de 1936 à 1999.
Louis-Ferdinand Céline a toujours été fasciné, envoûté, par le
corps des danseuses. Se définissant comme voyeur et non comme jouisseur, il admirait la
grâce qui se dégage de ces femmes, n'hésitant pas à la comparer à sa manière
d'écrire. Sa femme, Lucette Almanzor, est professeur
de danse. Il l'avait rencontrée dans le cours de Blanche d'Alessandri, fin 1935, situé
rue Henri-Monnier à Paris. Cela explique pourquoi l'écrivain gardera une amertume tenace
de l'échec de ses ballets, publiés pour la première fois en 1937 dans Bagatelles pour un massacre. Leur
adaptation fut totalement ignorée par danseurs et musiciens, ce qui affecta Céline toute
sa vie durant. Les arguments peuvent en partie expliquer cet échec. Ces ballets sont
certainement trop littéraires et trop compliqués à adapter à la scène.
En 1959 Céline laisse transparaître sa déception dans le titre sous lequel sont
republiés ses ballets, Ballets sans musique, sans personne, sans rien : "Je suis particulièrement fier de mes ballets. Autant mes livres, mon Dieu,
je les trouve pas mal, mais les ballets, je les trouve très bien." (Interview avec
Georges Conchon, Le temps que nous vivons, 1958) Ces ballets n'ont
pas plus besoin de musique que de public pour exister. Le texte suffit. La féerie, le
divin et la magie des ballets céliniens représentent autant de thématiques
obsessionnelles chères à l'écrivain. A l'heure actuelle, ces textes n'ont toujours pas
connu leur heure de gloire...
Voyou Paul. Brave Virginie (1937)