1945-1951
Les années d'exil
Céline et sa femme s'installent chez
Karen Marie Jensen. Le 6 mars, l'écrivain apprend la mort de sa mère, bientôt suivie de
l'assassinat de Robert Denoël le 3 décembre.
Le 19 avril 1945, le juge d'instruction de la Cour de justice de la
Seine lance un mandat contre Céline, qui reste sans effets. L'avocat Thorvald Mikkelsen légalise la présence de Céline au Danemark,
pendant que ce dernier reprend le manuscrit de Guignol's
band 2, commencé à Paris, et qu'il réfléchit au projet de Féerie pour une autre fois.
Le 17 décembre, la légation
française au Danemark demande l'extradition de Céline. Il est immédiatement écroué
avec Lucette, et incarcéré à Vestre Faengsel. Lucette est
libérée le 28 mais Céline, que l'état danois refuse d'extrader, demeure en prison
près de onze mois. Le 6 novembre 1946, Céline signe un texte intitulé "Réponses
aux accusations formulées contre moi par la justice française au titre de trahison et
reproduites par la police judiciaire danoise au cours de mes interrogatoires, pendant mon
incarcération 1945-1946 à Copenhague". Le 8, il est transféré au Sundby
Hospital, puis à l'infirmerie de Vestre Faengsel le 24
janvier 1947. Le 26 février, Céline, pesant 62 kilos, entre au Rigshospital, un
établissement civil. Le 24 juin, il promet de "ne pas quitter le Danemark sans
permission des autorités danoises".
Il rejoint Lucette à Kronprinsessegade, achève Guignol's 2, reprend Féerie et ce qui deviendra Foudres et flèches. Le 19 mai 1948,
Céline et Lucette emménagent à Klarskovgaard, près de
Korsør, sur la mer Baltique, dans un pavillon appartenant à Thorvald
Mikkelsen. Céline entretient une correspondance très abondante et quelques proches
lui rendent visite : Pierre Monnier, Daragnès,
Henri Mahé... Il rencontre Milton Hindus,
un jeune professeur américain, mais leur amitié sera rapidement brisée.
Fin 48, Casse-pipe est
publié d'abord dans Les Cahiers de la pléiade par Jean Paulhan, puis chez
Frédéric Chambriand (maison d'édition créée par Pierre Monnier),
ainsi que Foudres et flèches. Albert Paraz, dans Le gala des vaches,
insère A l'agité du bocal, réponse de
Céline à des accusations formulées par J.-P. Sartre, ainsi que leur correspondance. Voyage est réédité par Jacques
Frémenger (Ed. Froissart, Bruxelles).
Le 17 octobre 1949, la Cour de justice de la Seine arrête les
poursuites engagées contre Céline et le 3 décembre le commissaire du gouvernement
réclame à son encontre l'application de la loi pénale concernant les délits mineurs
contre la sureté de l'état. Le 25 janvier 1950, le président de la Cour de justice de
la Seine convoque Céline et l'annonce de son procès est commenté dans la presse. Le 21
février 1950, la Cour de justice rend son arrêt. Céline est condamné à un an
d'emprisonnement, à 50000 francs d'amende et à l'indignité nationale.
En mai paraît L.-F. Céline tel que je l'ai vu de Milton Hindus qui expose la brouille entre les deux hommes. Pierre Monnier publie Mort à
crédit en avril 1950 et Scandale
aux Abysses en novembre. Paraz, dans Valsez
saucisses, continue de plaider en faveur de Céline. Le 25 avril 1951, le tribunal
militaire de Paris ordonne l'amnisitie de Louis Destouches.
Enfin, le 1er juillet 1951, Céline, Lucette, leurs chiens et le chat
Bébert rentrent en France et atterrissent à l'aéroport de Nice.