1914-1932
Le médecin écrivant
Le 27 décembre 1914, Louis Destouches est
transféré à l'hospice Paul-Brousse de Villejuif, dirigé par Gustave Roussy (le docteur
Bestombes dans Voyage au bout de la nuit).
Opéré une seconde fois au bras droit le 19 janvier 1915, il rejoint le nouveau domicile
de ses parents, 11 rue Marsollier, pour une convalescence de trois mois. Louis Destouches
restera, à cause des séquelles de cette blessure au bras, invalide à 70 pour cent.
En mai, il est affecté au consulat général de France à
Londres, au service des passeports. Il est réformé le 2 février 1915. Il fréquente les
milieux londoniens mal famés et la pègre de Soho. Le 19 janvier 1916, il épouse Suzanne
Nebout. Ce mariage ne sera pas déclaré au consulat et Louis Destouches rentrera seul en
France, considéré comme célibataire par l'état français.
En mars 1916, Louis Destouches est engagé comme "surveillant
de plantation" par la compagnie forestière Sangha-Oubangui et il part en Afrique, à
Bikobimbo et Campo ("Topo" dans Voyage
au bout de la nuit). Au bout de huit mois, il rompt son contrat et, en février
1917, il regagne Douala pour y être hospitalisé à la suite de crises de dysenterie. Le
10 mars, il réintègre le domicile de ses parents. Cette période passée en Afrique a
permis à Louis Destouches de faire ses premiers essais littéraires (la nouvelle
intitulée Des Vagues).
En septembre, il travaille avec Raoul Marquis, dit Henry de
Graffigny (Courtial des Pereires dans Mort à
crédit), directeur d'Euréka, une revue scientifique. Louis Destouches
y signera la traduction d'un article de l'anglais en février 1918. Embauchés tous les
deux par la mission Rockfeller contre la tuberculose, ils parcourent la Bretagne de mars
à novembre. C'est à Rennes, le 10 mars, que Louis Destouches rencontre le docteur
Athanase Follet. En novembre Louis Destouches quitte la mission et prépare le
baccalauréat, dont il obtient les deux parties en avril et juillet 1919.
Il se marie avec Édith Follet, fille d'Athanase, le 10 août à
Quintin (Côtes-du-Nord). Le couple s'installe à Rennes et Louis s'inscrit à l'école de
médecine à partir de 1920. Le 15 juin, Édith donne naissance à Colette Destouches. En
1922, Louis Destouches effectue un stage à la maternité Tarnier à Paris, et poursuit
ses études dans la capitale. Il fait un second stage obstétrical en janvier 1923 à
l'hôpital Cochin. Il fréquente également le laboratoire de Félix Mesnil à l'Institut
Pasteur. Edith et Louis emménagent à Paris en novembre 1923. Ce dernier soutient sa
thèse le premier mai 1924, travail consacré au hongrois Philippe Ignace Semmelweis, précurseur dans la
lutte contre l'infection puerpérale.
Dès le 27 juin, Louis Destouches entre à la Société des
Nations, dans le service d'hygiène du docteur Ludwig Rajchman ("Yudenzweck"
dans L'Église et
"Yubelblat" dans Bagatelles pour un
massacre). Il est nommé à Genève pour trois ans. En 1925, en qualité
d'accompagnateur, il conduit un groupe de médecins aux Etats-Unis, à Cuba, au Canada et
en Angleterre. Entre mars et juin 1926, il est envoyé en Afrique (Nigeria, Sénégal).
Ces différents voyages l'obligent à délaisser sa vie de couple et Edith obtient le
divorce le 21 juin 1926. Louis Destouches commence la rédaction de L'Église. A Genève, il rencontre une
danseuse américaine de 23 ans, Elisabeth Craig.
Louis Destouches passe l'été 1927 à Paris et rédige Périclès,
qui deviendra Progrès. Il ouvre un
cabinet médical à Clichy, au 36 rue d'Alsace, mais le manque de clientèle l'oblige à
fermer début 1929. Le jeune médecin est alors nommé comme vacataire au dispensaire de
Clichy, sous la direction de Grégoire Ichok. Louis s'installe au 98 rue Lepic à Paris
avec Elisabeth Craig. A cette époque, il fréquente le peintre Henri Mahé, la danseuse Karen Marie Jensen, la comédienne Nane
Germon.
Au printemps 1931, une secrétaire du dispensaire de Clichy,
Aimée Paymal, commence la dactylographie de Voyage
au bout de la nuit. Louis Destouches portera son roman chez Bossard, Figuière,
Gallimard et c'est finalement Robert Denoël qui acceptera de publier Voyage au bout de la nuit. Son auteur a 38
ans et s'appelle Louis-Ferdinand Céline...