Céline et la Suisse

Pour la première période, ce thème concerne plutôt Louis Destouches que Céline. C’est de 1924 à 1927 que le Dr Destouches séjournera à Genève, avec de longues absences aux États-Unis, en Afrique et ailleurs. Son contrat avec la Société des Nations expirera en décembre 1927.
L’iconographie célinienne ayant également sa place dans ce Bulletin, cela nous donne l’occasion de présenter ici les deux endroits où Louis Destouches vécut. Lorsqu’il arrive à Genève, il s’installe à l’hôtel « La Résidence », route de Florissant. Il y reste jusqu’en décembre 1925, date à laquelle il emménage dans un trois pièces, chemin de Miremont à Champel, dans la banlieue de Genève. Et c’est à la fin de l’année suivante qu’il rencontre une jeune Américaine de vingt-quatre ans, venue de Los Angeles, qui séjourne à Genève avec ses parents et suit des cours de danse classique. Il s’agit bien entendu de celle qu’il appellera « l’Impératrice », Elizabeth Craig, la future dédicataire du Voyage au bout de la nuit. Sans la S.D.N., Céline n’aurait donc jamais rencontré celle qui eut une telle importance dans sa vie, même si cette liaison ne dura que six ans.
Ces faits sont connus. Ce qui l’est moins, ce sont les tentatives de Céline, à l’automne 1944, pour passer d’Allemagne, où il s’est réfugié, pour se rendre en Suisse avec l’espoir de gagner ensuite le Danemark. C’est par l’entremise de son ami suisse Paul Bonny et de son cousin Paul Gentizon qu’il tentera vainement d’obtenir un visa. C’est à cette fin qu’il utilisera les services d’un avocat suisse, Frédéric Savary, et qu’il adressera, en janvier 1945, un mémoire au consul général de Suisse à Stuttgart. « Inutile de vous certifier que je n’ai jamais émargé pour un centime ni directement ni indirectement à aucun service allemand », lui écrit-il, ce qui n’est pas contestable, n’en déplaise à Sartre et consorts.
Exilé au Danemark, les liens avec la Suisse ne sont pas rompus : Céline poursuit sa correspondance avec Bonny qui servira d’intermédiaire pour tenter, vainement encore, de faire rééditer Voyage par les éditions du Cheval ailé, dirigé par Constant Bourquin.
Tous ces personnages, dont la figure la plus connue est certainement Georges Oltramare, sont évoqués dans ce numéro.

M. L. (Bulletin célinien n°277, Juillet-Août 2006)