Céline en Russie

 

    Qu'en est-il de l'édition de l'œuvre de Céline en Russie ? En mai 1994 ¹, nous nous sommes fait l'écho du projet de la traduction des romans par les éditions Folio de Kharkov, en Ukraine. Nous avions donné la parole à Oksana Timachiova, critique littéraire et traductrice moscovite, qui avait été pressentie pour choisir et traduire les œuvres de Céline dans cette édition collective. Entretemps, elle dut céder ce travail à Tatiana Kondratovitch qui a effectué une traduction de Mort à crédit et D'un château l'autreVoyage au bout de la nuit étant disponible dans la traduction de Youri Kornéev. Ces trois volumes ont été coédités par les éditions Folio et les éditions AST, sises à Moscou. C’est l’écrivain Edward Limonov, lui-même originaire de Kharkov, qui serait à l’origine de cette initiative éditoriale. Mikhaïl Toporinski, responsable des éditions Folio, aurait voulu associer les céliniens français à cette vaste entreprise, mais le projet a fait long feu.
    En mai dernier, le prestigieux hebdomadaire Les Nouvelles de Moscou a rendu compte de cette initiative, sous la plume du critique Anton Doline. L'information a eu un certain écho, car la rubrique littéraire est reprise sur les ondes de la station L'Écho de Moscou, très écoutée par les intellectuels russes (diffusion à la fois en fréquence modulée et en ondes ultra courtes).
    Extrait du commentaire : " On a accusé Céline de sympathiser tantôt avec les communistes, tantôt avec les nazis, et cependant il a toujours vécu à part, solitaire comme tout vrai artiste. Le premier volume présente le premier roman de Céline, le plus célèbre roman d'avant-garde, Voyage au bout de la nuit. Le deuxième roman, Mort à crédit, est plus profond et tragique ; par ailleurs, son langage et sa structure sont plus complexes. Le troisième, D'un château l'autre, qui clôt la trilogie [sic], a été écrit en 1957, quatre ans avant la mort de Céline. Médecin de son métier, Louis-Ferdinand Céline analysait les chancres du siècle : la guerre et le mal comme maladies, la solitude comme la plus naturelle de toutes les maladies. " 

Antoine LAMBRECHTS

1. J.D.D. "Céline chez les Russes : le dégel", Le Bulletin célinien, n° 140, mai 1994, pp. 11-12.