Ce que Céline m’a apporté

 

Née dans la banlieue parisienne, Dominique Le Boucher a vécu des expériences qui l’ont rendue proche de Céline. On peut ne pas souscrire à tout ce que l’œuvre lui inspire mais il est impossible de ne pas lui reconnaître une authentique ferveur pour l’écrivain qu’elle évoque ici avec empathie et sensibilité tel un frère en lequel elle se serait reconnue. Et peu importe si la légende célinienne y trouve aussi son compte.

Dire ce que Céline m’a apporté – à moi qui écris et qui décida un jour d'en faire un métier, en revendiquant le côté artisanal de ce job qui n'a rien de l’intello coupé du réel et qui a tout du graveur d'eaux-fortes avec son burin et sa pointe-sèche – c'est dire d'abord que l'écriture qui a l'air d'être l'art le plus abstrait est pour moi l'art le plus sensible, sensuel et émotif qui soit... 
Et donc en formulant ça au départ de ces quelques lignes – qui ne sont rien qu'une façon parmi des milliers de se frotter à Céline, étant donné que des bouquins sur lui, il y en a des kilomètres –, c'est pour moi faire référence aux deux écrivains autour desquels je tourne en aboyant comme un chien fou ouaouf ! ouaouf !... Céline et Bukowski…

Cette petite bafouille au sujet d'une des multiples facettes de Céline n'a rien d'exhaustif. J'aurais pu écrire des tas d'autres choses, je l'ai fait, je le ferai... Là, ça s'est présenté comme ça et peut-être que ce bout de mon expérience peut vous intéresser... Peut-être ou peut-être pas…
Pour celles et ceux qui ont envie de retrouver des extraits des bouquins, un résumé bio-bibliographique, des photos, des commentaires pas bêtes du tout pour mieux connaître le bonhomme, vous pouvez vous procurer pour pas cher le livre de Pascal Fouché, Céline. Ça a débuté comme ça ¹, qui est vraiment sympa et pas redoutable du tout à lire...
Autre petit bouquin, facile à aborder, que j'adore et qui fait le tour d'un des aspects, tendre et malicieux, de Céline, c'est celui qui raconte l'épopée incroyable du chat Bébert accompagnant Céline et sa femme Lucette ainsi que l'acteur Le Vigan à l'intérieur de la superbe musette pourrie que Céline va garder, pendue sur la poitrine, durant toute son odyssée en Allemagne et au Danemark : Bébert, le chat de Louis-Ferdinand Céline de Frédéric Vitoux ². 
« Témoin fidèle et rédempteur, ce gros chat de gouttière tigré deviendra aussi un héros de romans, puisqu'il apparaît dans Féerie pour une autre fois, Normance et surtout, après sa mort, dans D'un château l'autre, Nord, et Rigodon. » À peine un an après le retour à Meudon – où Céline finit sa vie humaine mais pas sa vie littéraire dans laquelle Bébert personnifie l'image de l'amour qu'il portait aux animaux leur dédicaçant d'ailleurs Féerie pour une autre fois –, ce compagnon fabuleux dont la présence, ainsi que celle de sa femme Lucette, a soutenu l'écrivain dans sa cellule danoise, ce chat légendaire va mourir de fatigue et de maladie. C'est à partir de là qu'il devient ce que Frédéric Vitoux appelle un « chat de papier », le double silencieux qui n'existe qu'à travers tous ces voyages, ces errances car l'œuvre de Céline, c'est sa vie tragiquement, épiquement, somptueusement mise en musique, en rythmes en mots, en conteries...
Pour celles et ceux qui aimeraient en découvrir d'autres fragments ou se plonger à fond dans l’une des œuvres essentielles du XXe siècle, je conseillerais la « trilogie » de l'épopée allemande et danoise, D'un château l'autre, Nord, Rigodon, tous en collection de poche. Pour connaître l'homme, ses amours, ses rêves, ses voyages, ses aventures et ses rencontres, il y a la bio du même Frédéric Vitoux, La vie de Céline ³.

L'ami Louis Fleury et moi, on vous a raconté, dans notre blog des Cahiers des Diables bleus, notre « voyage à Meudon », cette balade qui nous a bouleversés au cimetière du Haut-Meudon 4 où l’un des plus grands écrivains du XXe siècle est enterré, entre le ciel de la banlieue qu'il aimait et les boucles de la Seine qu'il regardait depuis sa maison de la route des Gardes. Il est là, sous une simple dalle de granit. Lucette, sa femme, y a fait graver un trois-mâts — ce que Céline, Breton avide d'océan qui retournait chaque année à Saint-Malo, aurait aimé, c'est sûr…
Dans ce petit cimetière où la ville et les habitants de Meudon ont bien voulu de lui, Céline dérive tel un bateau ivre sans la moindre plaque à l'entrée... On a pensé, Louis et moi, que c'était pour éviter ce qui est arrivé à la tombe de sa mère, Marguerite Guillou, morte avant qu'il n’ait pu la revoir (alors qu'il était au Danemark) et inhumée au Père-Lachaise. Tombe que de méchants cons ont grattée pour en effacer le nom et la trace, écrit-il...
Mais Céline n'est pas seul ; dans le cimetière du Haut-Meudon, des tribus de chats vagabonds, gras, hirsutes, aussi ensorcelés et fidèles que Bébert, viennent régulièrement lui rendre visite et jouer dans les allées désertes tandis que quelques humains errants – après avoir foulé les plages d'océan de leurs pas de fantômes tendres et hagards, simples poètes du quotidien songeant à l'enfant du passage Choiseul qui rêvait d'autres horizons que celui de cette « cloche à gaz » et qui leur a offert la plus grande cérémonie humaine de ces temps avec grandeur et générosité –, ceux-là donc apportent chaque été aux premiers jours de juillet des cailloux doux et ronds qu'ils déposent là comme des signes de reconnaissance... Chacun sait que, dans la langue celte, ces cailloux déposés sur une tombe signifient : tu es vivant... Céline, c'est d'abord une voix que j’entends à la radio et qui lit le début de Voyage. Là je tombe en arrêt : c'est à qui cette voix douce et terrible avec la diction et l'accent des faubourgs ? Celle d'Arletty, sa grande amie, elle aussi née à « Courbevoie Seine » ?... Cette voix qui dit un texte que je ne connais pas et qui me retient tout de suite avant que je ne l'entende par un autre de ses grands poteaux, Michel Simon : « T'es rien con Ferdinand !... ». Cette voix de la banlieue déjà, encore, toujours…

Et voilà, je suis entrée dans le style de Céline par ce qui me touche le plus dans l’écriture en général – ce qu'il appelle « sa petite musique » – : l'oralité, moi qui m'inspire du travail des conteurs africains, des diseurs. Je suis tombée sans rien connaître à l'époque du plus grand et du plus fou des metteurs en mots de la langue orale... Céline... Louis-Ferdinand... Ferdine... le docteur Destouches... Chez lui tout va me percuter plein vol et c'est par lui que l'écriture m'arrive comme un cadeau astéroïde à grande vitesse... « Au commencement était le verbe... non... au commencement était l'émotion... »
Comment dire mieux quand ce ressenti-là est si fort, si violent que seule la création permet de vivre dans cette démesure ?... Comment dire mieux quand il y en a tant et tant qui vous tartinent du verbe sans émotion ? Avec Céline, j'apprends vite fait qu'en deux ou trois mots simples, on peut tout « miraginer » : « La Seine a gelé cette année-là. Je suis né en mai. C'est moi le printemps. » Ça, c'est dans Mort à crédit, le deuxième livre de Céline en partie censuré pour obscénité et dont le prologue est d'une beauté redoutable, délicate, une finesse à mourir…
Céline, c'est d'abord l'enfant de Courbevoie, né Rampe du Pont à laquelle il tient tant et qui va faire de lui le médecin de la banlieue, celui qui durant les périodes de sa vie où il ne voyage pas d'aventures en mésaventures, soigne les pauvres gens, ces gens du peuple dont il refusera toujours, même quand il aurait eu bien besoin d'accepter, de se faire payer 5... Céline, c'est avant tout le Docteur Destouches, celui du dispensaire de Clichy entre autres, pour qui la vocation de soigner et de venir en aide aux humains comme ça « parce qu’[il] [s]e disai[t] que s'ils avaient moins mal alors ils seraient peut-être moins méchants... », est bien plus essentielle que la littérature…

Le docteur Destouches dont les premières études et l'intérêt obstiné qui le mèneront à passer sa thèse sur La vie et l'œuvre de Philippe-Ignace Semmelweis (tournant autour de la mortalité des femmes en couches liée au manque d'hygiène) se retrouvent ensuite dans sa façon de soigner les gens en se mettant à leur portée et en leur prodiguant des conseils simples, effaré qu'il était devant la misère, la saleté, l'ignorance dans lesquelles on laissait volontiers vivre une population d'ouvriers et de petits employés après la première guerre... Il aura pour ceux qu'il visite constance, dévouement et compassion dont ils furent nombreux à témoigner...
Un des derniers articles médicaux de Céline qui s'attachera à soigner ceux qui l'entourent quels qu'ils soient et où qu'ils se trouvent, dans les situations les plus ahurissantes où il se met souvent lui-même comme c'est le cas au château de Sigmaringen quand il est mêlé à la clique du gouvernement Pétain en fuite et sans porter de jugement sur ses patients, ce dernier article donc est une enquête sur le chômage qui lui a été commandée par la S.D.N. : « Pour tuer le chômage, tueront-ils les chômeurs ? » 6... Cette énumération de petits faits me semble bien plus parlante – et il y en a plein d'autres – que de grandes considérations distinguées sur l'homme qu’il était…

Partout où il ira, comme au cours de son périple en Afrique en 1916, Céline se sentira pris par le désir de soigner. Il n'hésitera pas à acheter de sa poche – lui qu'on taxe de rapiat fini – médicaments, seringues, aiguilles... Ce dont ne se targuent pas non plus les hauts parleurs de ce pays fort colonial qu'était la France de ce temps-là, c'est ce passage de Voyage où Céline leur balance en pleine poire la façon infecte avec laquelle ils paient d’un bon coup de pied au cul le travail des nègres et des négresses... Céline le raciste, n'est-ce pas ?... Fascinant Docteur Destouches et fascinant Céline, ce Breton qui ne rêve que de ports, de bateaux, d'embarquements et de voyages, qui ne peut vivre sans partir, bouger, expérimenter, s'émouvoir et surtout ce qui va hanter toute sa vie : se battre contre, avec, face à la mort... Toutes choses dont on ne nous parle jamais alors que de l'antisémitisme de Céline, alors là !... Quelle bonne conscience générale on se fait depuis soixante piges avec ça, vis-à-vis des Palestiniens par exemple ! Cent mille ragoûts, cent mille soupes, cent mille potions magiques... 

L'antisémitisme de Céline, qu'on nous foute enfin la paix avec ça, qu'on nous lâche les baskets dans ce pays où le racisme ordinaire sévit à tous les coins de rues, dans toutes les cités de banlieue sans déranger personne et où on pourrait croire qu'on a tondu à la Libération assez de femmes ayant été dénoncées par de braves gens tout aussi braves que ceux qui dénoncent les gamins des cités aujourd'hui mais elles, ça n'était pas pour avoir volé un sac de bonbons, c'était pour avoir couché avec l'occupant... Mais non ! on n’en a pas assez de cette morale-là, il en faut encore et encore...
Toute l'existence de Céline, l'homme et l'écrivain, s'est nouée à vingt piges quand il a vu, comme il le raconte dans Voyage, défiler un régiment juste avant la déclaration de guerre en 1914 et que lui, Ferdinand Bardamu, s'est précipité s'engager au 12ème cuirassiers à Rambouillet 7 alors qu'il était encore complètement « puceau de la vie » et que la grande boucherie s'annonçait... Cette première aventure va d'ailleurs donner le texte fabuleux de Casse-pipe illustré, avant Voyage et Mort à crédit, par les dessins extra terrestres de Jacques Tardi... Un texte où l’on voit apparaître le spectre de ce qui ne cessera de poursuivre Céline et qui est la clef de tout : la folie guerrière haineuse, meurtrière des hommes et son désir à lui de l'empêcher à tout prix alors même qu'il est englué à l'intérieur du désastre de l'immonde, de l'impensable...
Un petit extrait des Carnets du cuirassier Destouches, publiés en 1965 par Dominique de Roux et rédigés en 1913, où on lit le désarroi d'un jeune garçon et cette sensibilité si paradoxale et si farouche...
Au cours des élèves brigadiers pris en grippe par un jeune officier plein de sang en butte aux sarcasmes d'un sous-off abruti, ayant une peur innée du cheval, je ne fis pas (longtemps) long feu, et je commençais sérieusement à envisager la désertion qui devenait la seule échappatoire de ce calvaire. 
Que de fois je suis remonté du pansage et tout seul sur mon lit, pris d'un immense désespoir, j'ai malgré mes dix-sept ans pleuré comme une première communiante (...)

Dès le début de Voyage, son grand récit épique de la guerre et de la mort, Céline reprend cette idée qui l'obsède de la barbarie et de la méchanceté humaine qui lui tombent dessus et de cette folie du plaisir de s'étriper qu'il veut fuir de toutes ses forces, cette peur horrible de la boucherie qu'aucune personne qui n'a approché la mort de cette façon-là ne peut piger...
La guerre en somme c'était tout ce qu'on ne comprenait pas. Ça ne pouvait pas continuer. (...) « Dans une histoire pareille, il n'y a rien à faire, il n'y a qu'à foutre le camp », que je me disais, après tout... Au-dessus de nos têtes, à deux millimètres, à un millimètre peut-être des tempes, venaient vibrer l'un derrière l'autre ces longs fils d'acier tentants que tracent les balles qui veulent vous tuer, dans l'air chaud d'été.
Jamais je ne m'étais senti aussi inutile parmi toutes ces balles et les lumières de ce soleil. Une immense, universelle moquerie. 
Je n'avais que vingt ans d'âge à ce moment-là (...) Je me pensais aussi (derrière un arbre) que j'aurais bien voulu le voir ici moi, le Déroulède dont on m'avait tant parlé, m'expliquer comment qu'il faisait, lui, quand il prenait une balle en plein bidon. (...)
On est puceau de l'Horreur comme on l'est de la volupté. Comment aurais-je pu me douter moi de cette horreur en quittant la place Clichy ? Qui aurait pu prévoir avant d'entrer vraiment dans la guerre, tout ce que contenait la sale âme héroïque et fainéante des hommes ? (...) C'est que je ne connaissais pas encore les hommes. Je ne croirai plus jamais à ce qu'ils disent, à ce qu'ils pensent. C'est des hommes et d'eux seulement qu'il faut avoir peur, toujours. (...) 
Et puisque les événements prenaient ce tour, désespéré, je me décidais à risquer le tout pour le tout, à tenter la dernière démarche, la suprême, essayer, moi, tout seul, d'arrêter la guerre ! Au moins dans ce coin-là où j'étais.

Et voilà tout est dit... Il n’y a rien à ajouter, ni pour Céline, ni pour moi... Céline tout au long de sa vie restera marqué, tatoué, blessé, en plus de sa blessure physique au bras, par ce refus absolu de la mort guerrière, stupide, imposée par d'autres et il fera tout – y compris ses pamphlets que d'ailleurs la plupart de ceux qui en parlent n'ont pas lus vu qu'ils sont interdits à la publication, y compris ses parti pris les plus fous, ses départs multiples, ses vagabondages, ses délires, ses haines pour l'empêcher puis pour la fuir, pris dans la folie de ces images de boucherie que, presque encore enfant, il reçoit en plein corps, en pleine âme…

La mort quand on est très jeune et bourré du désir passionné de la vie, elle ouvre une cassure infinie dans laquelle seule la création peut-être permet de ne pas être complètement aliéné... Que ceux qui ne s'y sont pas frottés se taisent enfin... Je connais, je l'ai vécu autrement, agitée comme un pantin ivre, rendue dingue par d'autres ficelles très destructrices, celles de la family-life dont je ne vous parlerai pas. À dix-sept berges, j'avais la même horreur que Céline des militaires bornés de toutes les armées du monde, des machines à tuer, de la puissance des États et des peuples belliqueux menés par leur nationalisme bâtard... Y aurait tant à dire…

À dix-sept piges tous mes copains étaient réfractaires au service militaire et, à l'époque, ça n'était pas une plaisanterie... Les tribunaux permanents des forces armées, les TPFA, leur collaient trois ans fermes. On allait aux procès avec nos pancartes : « Insoumission totale civile et militaire ! » C'était un temps où on se ramenait la nuit avec des parpaings et du ciment, prompt à murer la porte du tribunal militaire où un poteau devait passer en jugement le lendemain... Les geôles de l'armée, fallait voir ! Céline était antimilitariste, anarchiste et nomade sans pays, sans État, sans nation — et qu'est-ce qu'il avait raison alors !

Tous ses bouquins racontent ça avec cette merveille de style qu'il a créée, cette passion de vivre libre sans dieu, sans maîtres, sans doctrines, sans interdits, sans hontes en expérimentant toutes les émotions possibles et en essayant de se protéger de la cruauté des hommes de leur méchanceté originelle, de leur goût pour la guerre, la puissance et le sang…

Lire Céline, lire Bukowski, c'est apprendre avant tout – comme le dit Jacques Vergès dans le film de Barbet Schroeder, L'avocat de la terreur – que s'il y a un parti à prendre, ce sera toujours celui de l'homme seul contre le groupe, la masse, l'État quel qu'il soit... C'est au fond infâme de cette solitude-là que la création frémit, se rassemble, bondit comme la toute petite farouche lumière et qu'elle nous conduit à notre dignité humaine à travers les aboiements sauvages des chiens de la nuit... ouaouf !... ouaouf !...

Dominique LE BOUCHER


1. Pascal Fouché, Céline. « Ça a débuté comme ça », Gallimard, coll. « Découvertes », 2001.
2. Frédéric Vitoux, Bébert, le chat de Louis-Ferdinand Céline, Grasset, coll. « Les cahiers rouges », 1976.
3. Frédéric Vitoux, La vie de Céline, Gallimard, coll. « Folio », 2004.
4. « C’était un beau jour d’été » [18 août 2005] :
http://www.lesdiablesbleus.com/article-993981.html (11 octobre 2005).
5. Après la S.D.N., Céline a essentiellement pratiqué une médecine de dispensaire et était donc rétribué par la municipalité qui l’employait (note de la rédaction).
6. Cet article de médecine sociale a été publié en 1933 alors que Céline ne travaillait plus pour la S.D.N. depuis cinq ans (note de la rédaction).
7. Louis Destouches s’est engagé en 1912 (note de la rédaction).

Écrivain et éditrice de la revue Les Cahiers des Diables bleus, Dominique Le Boucher est aussi rédactrice d’un blog (www.lesdiablesbleus.com).