Édito, juin 1999.

    Je l’ai déjà rapporté ici : certains lecteurs me font amicalement grief d’être libéral, c’est-à-dire de donner la parole aux détracteurs de Céline (l’écrivain), et d’accorder une place excessive à la controverse dont il fait l’objet aujourd’hui. D’autres me reprochent d’avoir édité des ouvrages de mon compatriote Pol Vandromme dans lesquels il n’est pas du tout indulgent pour le polémiste vigoureux de Bagatelles pour un massacre. Le mois prochain verra la sortie de notre 200ème livraison. À cette occasion, nous publierons un numéro spécial, "anthologique", dans lequel nous reproduirons quelques articles parus ici, et qui témoignent assurément de la diversité des points de vue abordés par les différents collaborateurs du Bulletin. Certains de ces articles suscitèrent à leur parution quelques vives réactions, tant ils n’étaient pas tous unanimement favorables à l’écrivain. Car les passionnés de Céline n’apprécient guère, en général, que l’on égratigne leur auteur de prédilection. Vieux débat entre morale et esthétique, promotion de l’œuvre et défense de l’individu...
   C’est dire si je sais gré à Jean-Paul Louis de me ranger parmi les "hagiographes conventionnels et compromettants" ¹. La prochaine fois qu’un abonné me reprochera mon manque de mansuétude envers le grand homme, je lui enverrai copie des appréciations ô combien critiques de l’éditeur de L’Année Céline.
    Comme vous l’avez remarqué, l’offensive menée par Gallimard contre le site Céline sur Internet a retardé, le mois passé, l’écho de notre réunion annuelle, organisée à Paris. Comme c’est devenu une habitude, seul Jean-Paul Angelelli en a rendu compte dans la presse ².
    Voici les quelques lignes qu’il a bien voulu consacrer à cette manifestation :
   "Le 3 avril à Paris, la dernière Journée Céline fut un succès, avec comme invité d’honneur André Parinaud qui, en octobre 58, participa à la réalisation avec le reclus volontaire de Meudon d’un entretien dont il tira un film d’une vingtaine de minutes et qui fut programmé sur l’unique chaîne de la télévision d’alors. Ce document disparut ensuite dans les archives de l’Institut National de l’Audiovisuel où Parinaud l’a retrouvé. Il l’a commenté avec brio devant l’assistance. D’autres interventions, dont celle de Jean Guenot sur "Céline écrivain arrivé" ont marqué cette commémoration régulière mais jamais conformiste."
Encore ce très bref écho ne signale-t-il pas les brillantes interventions d’Anne Henry (sur "la petite musique de Céline") et de Henri Thyssens (sur l’éditeur Robert Denoël), ni la table ronde qui réunit Éliane Bonabel, Paul Chambrillon et Pierre Monnier sous le titre évocateur "Les derniers témoins".
    Quelques photographies-souvenirs de cette mémorable journée sont reproduites dans ce numéro. Il me reste à espérer vous retrouver aussi nombreux l’année prochaine. En l’an 2000, votre Bulletin entrera dans sa 19ème année. Et il aura vingt ans exactement au siècle suivant. N’en déplaise à ceux qui le considèrent comme trop compromettant... Serait-ce d’ailleurs un signe enviable de jeunesse ?

M. L.

1. Le Lérot rêveur ("Histoires du Vieux et autres nouvelles"), n° 59, printemps 1999.

2. Rivarol, 29 avril 1999.