Une lettre inédite de Céline

Le 30 c[ouran]t

Mon cher confrère,

Vous demandez au Français la seule chose dont il ne veut absolument pas : se trouver en défaut. Le Français veut être loué – seulement loué – en tout et pour tout. Le Français est plus que parfait – une fois pour toutes le premier homme du monde, l’excellence même – l’envie passionnée de l’Univers. Il est en train de disparaître dans un nirvana de fatuité – à base d’alcool d’ailleurs...

Bien confraternellement à vous,

L.-F. Céline

 

    Lettre d’une page 13 x 21 recto-verso au Docteur Perrin (Nantes), à en-tête du Centre de santé municipal de Sartrouville (collection Louis Cournot). De 1940 à 1944, Céline assure une vacation quotidienne de médecine générale au dispensaire de Sartrouville, avant d’être nommé, en 1944, médecin-chef du dispensaire de Bezons.
    On connaît une autre lettre de Céline, non datée, au même destinataire : "Mon cher confrère. Je vous remercie pour votre magnifique étude sur l’alcoolisme que j’ai lue tout d’un trait. Mais pourquoi les Français renonceraient-ils à se saouler ? Ils sont libres si j’ose dire, libres, creux et vacants. Il est naturel qu’ils se remplissent d’alcool. Quelle mystique leur proposez-vous ? Quel Dieu de remplacement ? Tout est là – et je le crains bien insoluble..."