Pierre MONNIER, Arletty (préface
de Jean Orieux).
Paris : Stock, 1984, 156 pages.
Ce nouveau livre de Pierre Monnier lui ressemble : chaleureux,
simple, direct et hardi tout à la fois.
Fait d'évocations et de propos recueillis auprès de la
comédienne, il est bien plus qu'un hommage. L'anecdote est ici prétexte pour rendre
compte de la personnalité très affirmée de celle qui fut d'abord Léonie Bathiat, fille
de forgeron auvergnat.
A l'instar de ce qu'avait réussi Monnier dans son Ferdinand
furieux, ce livre, court mais dense, nous présente un personnage débarassé de sa
légende, c'est-à-dire tel qu'il se révèle dans la vie quotidienne et surtout dans les
épreuves. Dignité et liberté sont assurément les mots qui viennent d'emblée à
l'esprit lorsqu'on songe à Arletty. Chez elle, ces vertus vont de pair avec une drôlerie
parigote,une joie de vivre qui ne se sont jamais démentis et qui constituent une superbe
leçon d'optimisme et de courage tranquille. Il est naturellement beaucoup question de
Céline dans cet ouvrage. Quoi de plus naturel lorsqu'on sait la solide amitié qui liait
ces deux natifs de Courbevoie ? Pierre Monnier ne se trompe certes pas lorsqu'il écrit :
"Comme Céline, qui a comblé le fossé entre la littérature et le peuple, Arletty
introduit le peuple dans les riches salons dc l'Ouest parisien". La fidélité aux
origines, le dédain pour tout ce qui est "toc" et l'amour du travail bien fait,
voilà quelques-uns des traits communs entre Céline et celle qui, après la tourmente,
lui inspira un étonnant scénario de cinéma.
Les cinéphiles seront conquis par l'iconographie hors-texte qui
rassemble quelques documents rares jalonnant la carriere de la comédienne. Gageons que
c'est avec quelque nostalgie qu'ils verront défiler devant leurs yeux éblouis le faste
révolu d'une époque bénie du 7ème art et dont survivra au moins un mythe. On l'appelle
Garance...
M.L.