Un entretien avec Arletty
Michel-Georges Micberth, fondateur de la maison d’édition "Livre d’Histoire", a eu l’initiative d’éditer, sous la forme d’un disque compact, l’entretien qu’Arletty voulut bien m’accorder au début des années quatre-vingts. Un document rare dans lequel Céline figure en bonne place.
C’est grâce au cher Pierre Monnier que j’ai eu le bonheur de rencontrer Arletty. C’était en 1982. À l’époque, je réalisais en journaliste amateur des entretiens avec des célébrités, petites et grandes, pour un magazine belge aujourd’hui disparu. Arletty donnait alors très peu d’entretiens et celui qu’elle voulut bien m’accorder fut, en Belgique, une exclusivité. Avisé, le rédacteur en chef en fit la couverture. Ce numéro, je l’appris plus tard, se vendit particulièrement bien, preuve s’il en fallait de sa popularité intacte. Un peu intimidé à la pensée de rencontrer ce mythe vivant, je fus d’emblée rasséréné par la gentillesse de son accueil. Simplicité, bonne humeur communicative, gouaille et grande classe: tels sont les mots qui me viennent à l’esprit quand je me remémore cette rencontre. Pour beaucoup, cette grande figure est indissociable de Céline. Ces deux natifs de Courbevoie s’estimaient, on le sait, et avaient l’un pour l’autre une solide amitié débarrassée du fatras des mots chers aux littérateurs. Les quelques photographies que l’on possède d’eux témoignent des liens pudiques et forts qui existaient entre eux. Au lendemain de sa mort, un quotidien titra: "atmosphère". Nulle raison d’être mélancolique pourtant: l’impératrice des faubourgs s’en était allée rejoindre les enfants du paradis. M. L.
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