L’Année Céline 2004

 

Comme tous les ans à la même époque, les céliniens sont gâtés : un nouveau volume de L’Année Céline sort des presses de Jean-Paul Louis qui renoue avec une belle tradition d'éditeur-imprimeur. Chaque volume de deux cents pages imprimées sur beau papier fait le point sur toute l'actualité célinienne d'une année (publications, échos de presse, adaptations théâtrales, ventes publiques, etc.). Nous laissons à l'éditeur le soin de présenter la quinzième livraison de la revue annuelle qu'il a créée en 1991. Indispensable dans toute bibliothèque célinienne digne de ce nom.

En 2004, les ventes de correspondances inédites de Céline se sont taries, mais les livres dédicacés fleurissent sur le marché des autographes, aussi bien dans les catalogues de librairies que sur les sites de ventes informatiques. Les dédicaces semblent surgir de partout à la fois, et certaines (parmi celles qui sont proposées aux enchères informatiques, nouveau jeu virtuel très à la mode) rendent songeur quant à leur graphie ou leur date ¹ ... Mais on découvre aussi de nouveaux dédicataires, certains proches de Céline, comme Blanche d'Alessandri, Jean Noceti ou Germinal Chamoin, d'autres plus inattendus, comme Françoise Giroud.
Cette livraison de l'Année Céline n'est cependant pas privée de textes inédits, loin de là. Deux incipit primitifs de D’un château l’autre, dont les manuscrits conservés aux États-Unis, sont publiés par François Rouget ² . Les lettres, bien que peu nombreuses, enrichissent le corpus des correspondants de Céline de nouveaux noms, comme le musicologue André Cœuroy et la chanteuse Marianne Oswald. On lira également une interview tardive (1958), oubliée jusqu’en 1985 et à nouveau perdue de vue depuis ³ .
Outre les habituels rédacteurs et participants spontanés de notre publication, plusieurs nouveaux contributeurs se joignent à nos travaux pour ce quinzième volume, et nous nous en réjouissons, tant la recherche bio-bibliographique, stylistique, épistolaire est sans cesse relancée par de nouvelles découvertes.
On pourra constater, dans la section « Documents », que même les éditions anthumes d’œuvres de Céline ne sont pas encore toutes connues4  ! Marie Alchamolac publie pour sa part un entretien (1974) avec une ancienne élève infirmière de Bezons 5 . La section «Études» reporte le lecteur à une époque plus reculée de la biographie, la «Belle Époque», grâce à des documents sur le passage Choiseul, réunis et présentés par Gaël Richard 6 Enfin, les Tables des lettres et dédicaces 7, mises à jour tous les cinq ans et publiées en fin de volume, donnent par leur étendue, la mesure du travail accompli, et par leur augmentation considérable depuis 1999, tant par les noms cités que par la densité chronologie des envois, une idée de celui qui reste à accomplir 8 .

 

Jean-Paul LOUIS

 

Notes 

1. Un maladroit a mis en vente un exemplaire de Normance dont la «dédicace» est datée de 1946 (note de Jean-Paul Louis).
2. François Rouget, «La genèse manuscrite de D’un château l’autre», pp. 9-34.
3. « Céline nous fait une colère », pp. 45-51. Entretien avec Georges Cazal (1958) reproduit en octobre 1985 dans Le Figaro magazine, et repris l'année suivante dans Cahiers Céline 7.
4. «Une édition inconnue de Secrets dans l’île», pp. 68-70. Il s’agit de l’éphémère revue Paris lit… qui publia Secrets dans l’île en mars 1944.
5. Marie Alchamolac-Émery, «Entretien avec Lucienne Damas», pp. 79-85.
6. «Du Passage Choiseul au Passage des Bérésinas». Documents réunis par Gaël Richard, pp. 89-107. Passionnante enquête avec de superbes photographies d'Eugène Atget («Le Passage Choiseul à la Belle-Époque»).
7. Répertoire fort utile. Ainsi, la table des dédicataires nous rappelle cette dédicace à Madame Georges Chiris sur laquelle nous nous interrogions le mois passé. En fait, elle fut déjà signalée dans L’Année Céline 2002 avec un commentaire de Jean-Paul Champagne : «À la fin de son compte-rendu intitulé “Essai de diagnostic et de thérapeutique méthodiques en série sur certains malades d’un dispensaire” (expérimentation effectuée par Destouches sur des patients atteints de tuberculose au dispensaire municipal de Clichy), publié par Bulletins et mémoires de la Société de médecine de Paris, n° 6, séance du 22 mars 1930, Destouches écrit : "Il nous a été donné d'entreprendre et de continuer l'expérimentation de cette méthode et de ce produit grâce à la généreuse subvention de Mme G. Chiris, présidente de l'Œuvre pour l’enfance (de Grasse)”» (Cahiers Céline 3, p. 177).

8. Autre intérêt de L’Année Céline que de signaler toutes les publications céliniennes, y compris les rééditions. Ainsi, le Cahier Céline 7, paru en 1986, a été réédité en 2003 dans «Cahiers de la nrf» avec divers textes qui ne figuraient pas dans la première édition, dont cette mythique préface au livre d’Armand Bernardini, Répertoire et filiation des noms juifs. "Le volume devait paraître chez Denoël mais est resté au stade des épreuves qui, retrouvées dans une bibliothèque new-yorkaise, portent la date  à  laquelle  le  livre  devait paraître : janvier 1944. En 1943, dans un article, « À propos du problème juif : Un programme d'Ethno-politique », Armand Bernardini avait annoncé la parution de cet ouvrage en ces termes : «Le point de départ de nos recherches sur l’onomastique juive – dont nous publierons bientôt les résultats essentiels dans un ouvrage que notre grand ami Céline a bien voulu accepter de préfacer – se trouve dans une conversation que nous eûmes il y aura bientôt huit ans avec le professeur B.».