Bloc-notes, Juillet-Août 2009

 

   Lorsque mon vieil ami Michel Mouls me proposa d’organiser une réunion célinienne dans son village de Puget-sur-Argens (Var),  j’avoue  que j’ai hésité. Au siècle précédent, la fameuse « Journée Céline » eut toujours lieu à Paris face à un public d’une centaine de personnes. Normal : c’est en Ile-de-France que le Bulletin célinien compte le plus d’abonnés. Et c’est sans doute en Provence qu’il en compte le moins.  Y organiser ces « Journées de Rencontres céliniennes » relevait donc de la gageure. D’une part, il fallait convaincre les invités d’effectuer un long déplacement : François Gibault (Paris), Pierre Lainé (Bretagne) et Paul Yonnet (Normandie) acceptèrent sans barguigner — Nicole Debrie (Hyères), elle, vint en voisine ¹. D’autre part, il fallait faire venir les céliniens de la région mais aussi d’ailleurs. Pari tenu : une cinquantaine de personnes assistèrent à notre journée alors qu’on en espérait une trentaine.  Certaines vinrent de villes voisines  (Fréjus, Sainte-Maxime, Nice, Vallauris,…) ; d’autres de beaucoup plus loin (Bruxelles, Anvers, Genève, Lille, Paris,…).

   L’idée du cher Michel Mouls consistait à étaler cette rencontre de céliniens sur trois jours : le vendredi destiné à une prise de contact (un dîner réunit les premiers arrivés le soir) ; le samedi consacré au colloque proprement dit ; et le dimanche voué à la détente et au tourisme dans ce superbe département provençal. Quelques abonnés, venus de loin, en profitèrent pour y passer plusieurs jours.

   Il est rare, soulignons le, qu’une initiative célinienne soit aussi bien accueillie par les autorités  : la municipalité de Puget-sur-Argens mit à notre disposition une très belle salle et offrit un généreux buffet aux participants. Mieux : le maire en personne, M. Paul Boudoube, ouvrit le colloque par une allocution chaleureuse et nuancée à l’égard de l’écrivain. Concédons que Céline n’a guère l’habitude d’être ainsi traité par les représentants de l’État français !

   Les participants ont eu la gentillesse de dire l’intérêt qu’ils avaient trouvé à cette journée. Je crois pouvoir le dire moi-même : que ce soit Nicole Debrie (sur Céline et l’individuation), François Gibault (sur un étonnant parallèle entre Céline et Dubuffet), Pierre Lainé (sur Joseph Garcin et Marcel Lafaye, modèles biographiques de Cascade et de Bardamu) ou Paul Yonnet (sur sa lecture de Voyage au bout de la nuit), tous ont su capter l’attention du public. La projection du film « Une légende, une vie » (1976), une table ronde sur le thème « Céline aujourd’hui » et une grande librairie célinienne (proposant éditions originales, raretés, mais aussi livres neufs) complétèrent ce robuste programme  qui se clôtura, le soir, par un repas gastronomique.

   L’avenir dira si cette initiative sera renouvelée. La preuve est en tout cas faite que, bien loin de la capitale, une réunion célinienne peut être organisée avec succès. Que tous ceux qui nous ont aidés, Michel Mouls et moi, à la mettre sur pied trouvent ici l’expression de mes vifs remerciements ².

 

Marc LAUDELOUT

 

1. En couverture (de gauche à droite) : Pierre Lainé, Marc Laudelout et Michel Mouls. Assis : François Gibault et Paul Yonnet.

2. Merci aussi à Patrick Ferrette, remarquable lecteur des textes (de Céline, Jean Dubuffet et Paul Yonnet), et à Jean Lapeyre, bouquiniste niçois (voir en dernière page), qui contribua à proposer une librairie bien achalandée en livres de et sur l’écrivain.