Céline et la politique (XXIII) La race, entre hasard et prédestination " Il me manque encore quelques haines. Je suis sûr qu’elles existent." Céline prophétisait ainsi son avenir dans Mea culpa en 1936, et nul doute que l'après-guerre ne démentit jamais ces paroles. Mais il tire un plaisir évident à railler ses détracteurs en stylisant cette situation. Marc Hanrez note dans Retour à Meudon que Céline était encore en 1960 le mal-aimé de l'Université française.
Ainsi dans Nord : " Moi là j'ai le chic, n'importe quel bord, me faire excommunier, sous-ordre, impiffrable olibriu...tenez encore avant-hier la Télévision !... ils sont venus, ils ont voulu, ils m'ont regardé, ils se sont enfuis dans l'épouvante... déglingué tout leur matériel, voilé toutes leurs pellicules !... ils ne se sont même pas excusés ... rien ! ... vous dire !... où nous en sommes ! " tout finira par la canaille " ... Nietzsche l'avait très bien prévu... " (Nord, p.378)
Les "petits Katyns personnels" constituent la trame romanesque et historique de la trilogie allemande, puisqu'ils s'appliquent autant à l'histoire des nations qu'à celle des individus : dans Nord, Madame Isis demande au Docteur Destouches qu'il lui achète du cyanure grâce à son permis d'exercer afin qu'elle puisse "empoisonner son cul-de-jatte". Cette noirceur humaine rappelle le projet d'assassinat du ménage HenrouiIle à l'encontre de la belle-mère dans Voyage au bout de la nuit, de même que les fillettes polonaises qui rient des malheurs des adultes dans Nord soulignent le rire sardonique de l'enfant qui détruit sans le savoir les sentiments et les tabous des adultes : "La jeunesse rit de tout... les Tartares seraient là à couper des têtes qu'elles trouveraient rien de plus rigolo" ( Nord, p. 430).
Céline brosse le portrait mi-cruel, mi-burlesque des haines qui font l'histoire; elles deviennent sous sa plume le principe bachique de la jouissance politique ressentie par les Princes de l'ombre : "Tellement de conjurations à bombes, à poisons, à couteaux, que c'est vraiment extraordinaire que ce régime ait tenu dix années... vous me direz : Poléon, César, Alexandre, Pétain ont tenu aussi une... deux décades !... sitôt que vous êtes oint, couronné, porté, installé sur le trône, maître de tout... le bacchanal commence... vous échappez plus !... baisers, nœuds coulants, bouquets, dinamiteros... votre peuple chéri attendait que ce haut moment pour vous montrer ce qu'il attend de vous, vos boyaux hors et plein l'arène... " (Nord, p. 451)
Ainsi, dans le Paraître qu'est par nature tout régime politique, Céline compare le nœud papillon à un nœud coulant : la leçon morale est d'un stoïcisme et d'un ascétisme sans appel; elle signifie que les mondanités sont une vie surfaite qui attire et détruit l'homme, sans jamais compenser l'effroi que procure la mort. La jouissance politique du pouvoir s'assimile donc un instant à celle d'Eros, puis à celle de Thanatos : la politique est une métaphore lexicalisée de d'amour ou de la guerre, car l'échec succède à la conquête et l'ivresse de puissance ne parvient jamais à dépasser le néant de la créature ni les limites biologiques de la vie humaine. Comme le mystique chrétien Léon Bloy qui réclamait avant sa mort le Saint-Esprit ou les Cosaques, Céline demande "la plus forte bombe ou les Chinois". Car l'univers entier lui semble détraqué de même que Courtial des Péreires n'a plus aucune autorité sur les adolescents du Familistère Rénové de la Race Nouvelle dans Mort à crédit, "I'S.S. Kracht" est débordé dans Nord par des Hitlerjugend indisciplinés. Ces conflits de générations attestent en fait du caractère tragique du babélisme moderne. Les haines sont donc constitutives de l'histoire, car elles forgent dans le sang et dans le fer le bouleversement des nations, en même temps qu'elles procurent à la Vigile-Céline une jouissance certaine devant ses prophéties.
S'il tourne alors en dérision les vainqueurs de Yalta et "le chœur des pendeurs" de Nuremberg, c'est pour dénoncer les hypocrisies intéressées de l'histoire officielle et les aléas de la diplomatie internationale : en 1960, année où Céline rédige Nord, la réconciliation franco-allemande, déjà scellée par Robert Schuman avec le traité de la C.E.C.A., est symbolisée par la présence de De Gaulle et Adenauer lors des manœuvres de la Marne : "Question déploiement, en "fourrageons", je connaissais bien... à l'aile marchante et au centre... mais à cheval... je voyais aux "écoles à feu" Mourmelon, et un peu plus tard dans les Flandres, sérieusement, "les batteries volantes", restaient prises jusqu'aux moyeux..." (Nord, p. 476)
Des Flandres à la Marne, de 1914 à 1939 et 1960, Céline s'interroge sur la raison d'état qui anéantit le soldat-citoyen et sur la légitimité de tout pouvoir démocratique, autocratique ou oligarchique. À quoi bon les deux guerres civiles européennes, du XXe siècle, puisque deux décennies plus tard, les fantassins français et les Panzergrenadieren de la Bundeswehr se retrouvaient côte à côte ... À nouveau Charlemagne ! Et ces manœuvres communes justifiaient sur- tout a posteriori le pacifisme de Céline et sa dénonciation de la germanophobie dans les pamphlets d'avant-guerre. En filigrane de ces soldats de France et d'Allemagne fédérale, il voyait confirmée par les bouleversements géostratégiques d'après 1945 sa prédiction de 1938, lorsqu'il appelait dans L'École des cadavres à la création d'une armée "franco-germanique, quatre cents divisions d'infanterie parfaitement débrouilleuses". Mais sa germanophilie avait aussi ses limites : "La tartufferie boche rigole pas avec les fortes démonstrations, défilés de masses, aboiements de chefs, fols enthousiasmes, über alles ! mais dans les familles, mahlzeit la crève, bien faire voir qu'on se nourrit juste d'un semblant de soupe, tout en gueulant bien fort ! plus fort !... heil !... heil !... le portrait d'Hitler, haut du mur, idole, minces moustaches, minces lèvres, rit pas du tout..." (Nord, p. 305)
Nous pourrions interpréter Nord comme une satire de la Grande Allemagne et du gouvernement nazi. C'est souvent l'analyse qui prévaut, car elle a l'avantage politique aux yeux des vainqueurs de "normaliser" la pensée d'un auteur anticonformiste. Pourtant, l'anarchiste de droite que fut Céline n'avait cure d'aucun régime politique ni d'aucun tabou. Il faut alors comprendre qu'à travers la fin du IIIe Reich, Céline renoue avec la tradition anarchiste et nihiliste de Pierre Drieu La Rochelle dans État-civil et d'Abel Bonnard dans Les modérés. L'invasion de l'Allemagne est donc le prétexte historique d'une réflexion sans complaisance sur la nature des régimes qui s'affrontent, sur le comportement des hommes en des circonstances graves et sur le déchaînement absolu de forces funestes dont parlait déjà von Clausewitz dans De la guerre. Plus généralement, Céline voit dans la guerre le point de tension extrême de la modernité issue de la Renaissance et des Lumières et décuplée par la technologie. Le matérialisme caractérise toutes les sociétés contemporaines, à la grande fureur de l'ascète : "Vedettes, télévisions, pancraces, chirurgie du cœur, des nichons, des entre-fesses, des chiens à deux têtes, l'Abbé et ses spasmes homicides, whisky et longue vie, les joies du volant, l'alcôve de la Grande-Duchesse, basculeuse de trônes..." (Nord, p. 240)
Céline a toujours été horrifié par les violences, les guerres, les haines, bien que son œuvre donne parfois l'impression d'une apologie de la violence. En fait, elle ne doit pas être déclamée, mais murmurée. La parole de l'oracle succède à un long silence et en annonce un autre. Sa "vox clamans" évoquée par Paul del Perugia est un opéra lyrique et grandiose dédié à la paix. Les points de suspension figurent le silence qui suit chaque parole du Sermon, et les répliques de tous les personnages sont subordonnées à celles du narrateur principal, l'épure de l'auteur. Les opéras céliniens mettent en scène nombre de figurants qui constituent la polyphonie de son œuvre. De plus, condamnant les haines des foules contre l'individu qui pense mal, Céline s'érige en victime expiatoire de ceux dont il aurait pu préserver le souvenir littéraire : "L'opinion est contre nous !... enfin, ils ne nous ont pas massacrés ! ils auraient pu !... ce que je l'ai répété depuis 39 ce " Ils auraient pu ! " ... mille occasions ! rengaine !... (...) Hérold Paquis allant au poteau, pleurait, dépité... " ils ont pas fusillé Céline ! " il serait mort content... Cousteau de même, cancéreux insatisfait... ce brave Cousteau !... qu'avait fait tout ce qu'il avait pu pour qu'on m'écartèle... oh, mille autres, certes ! " (Nord, p. 583) Céline aime exagérer les haines dont il fut l'objet pendant et après la Libération. Nous avons vu précédemment qu'elles furent réelles, mais son sort peut passer pour enviable si on le compare à celui des écrivains qu'il vient de citer : on fusilla Jean Hérold-Paquis, Jean Luchaire, Robert Brasillach, Georges Suarez ; on expédia à Fresnes ou à Clairvaux Jacques Benoist-Méchin, Henri Béraud, Robert Le Vigan, Lucien Rebatet, Paul Marion, ou Charles Maurras – "c'est la revanche de Dreyfus", lança-t-il à ses juges en apprenant qu'il était condamné à perpétuité; on abattit Philippe Henriot ou Robert Denoël – l'éditeur et ami de Céline, tandis que s'exilaient Raymond Abellio, Abel Bonnard, Alphonse de Chateaubriant, Marcel Déat, Alain Laubreaux, Charles Lesca, Maurice-Yvan Sicard, que se suicidait Pierre Drieu La Rochelle, que tombait Jean Fontenoy dans les rangs de la division Charlemagne et que s’évaporait Saint-Loup, romancier et homme d'action qui publia ensuite l'inoubliable Rencontre avec la bête. Aujourd'hui, notre propos n'est pas de porter un jugement moral sur eux ni sur les résistants tels qu'Honoré d’Estienne d'Orves ou Henri Frenay, mais de comprendre que le courage ne revêt pas qu'un uniforme et que Céline ne prit pas position nettement dans le débat sur l'opportunité de collaborer ou de résister. À Sigmaringen, les témoins disent de lui qu'il fut d'un dévouement exemplaire, mais que dès que l'on conversait une heure en sa compagnie, on ressortait de son cabinet littéralement désespéré sur l'avenir du monde.
Trente-deux ans auparavant, en garnison à Rambouillet et âgé de dix-huit ans, il écrivait dans ses Carnets : "Si je traverse de grandes crises que la vie me réserve peut-être je serai moins malheureux qu'un autre car je veux connaître et savoir." (Carnets du Cuirassier Destouches, p.22) LA RACE, ENTRE HASARD ET PRÉDESTINATION : LES ARYENS, VAINCUS DU "BAL DES GAMÈTES"
La réalité de la trilogie allemande qui repose sur le pessimisme ethnique s'éloigne de plus en plus de l'idéal de Gobineau ou des démonstrations du wagnérien Édouard Dujardin. L'invasion de Quimper par les Chinois souligne le chaos racial toujours redouté par Céline. Eux ne feront pas la différence entre le grand rabbin et lui. Il décrit le melting-pot de la décolonisation, le mondialisme de la République Universelle dans Rigodon comme "I'Europe aux pogromes anti-goyes", soulignant ainsi convergence philosophique et politique entre le libéralisme international et le messianisme hébraïque. Dans Rigodon, la chevalerie germanique issue des premiers peuples indo-européens chantée par Julius Evola, Ernst Jünger ou Alexis Carrel semble avoir échoué.
Le Götterdämmerung wagnérien s'est abattu sur Berlin en avril 1945. L'Apocalypse selon Saint-Ferdinand rappelle celle de Gobineau qui évoquait dans ses Nouvelles asiatiques les migrations fabuleuses des Aryans. Mais toutes les civilisations semblent vouées au rigodon et à la féerie, à la décadence et à la guerre. Le 28 juillet 1877, Gobineau écrivait déjà dans l'avant-propos de la deuxième édition de son Essai sur l'inégalité des races humaines : "La théorie de la race est une conséquence naturelle de mon horreur et de mon dégoût pour la démocratie. " Chez les anarchistes de droite, le déterminisme par le sang domine le libre arbitre, et les mélanges raciaux sont ressentis non comme une fatalité inexorable, mais comme le résultat malfaisant de synarchies occultes. Avide de déplaire aux bien-pensants, Céline ne pouvait négliger cette contestation de l'histoire des vainqueurs. C'est pourquoi dans Rigodon il définit l'homme comme le produit de son ascendance. Sa vie est déjà écrite dès sa naissance dans sa molécule d'ADN, son patrimoine génétique. Il se définit alors comme "dix fois Petiot", "hyper-Landru", "pornographe à cent organes", avant de conclure comme Ferdinand dans Mort à crédit: "J'aurais jamais dû exister" (Mort à crédit, p. 442).
Toute l'histoire est un "bal des gamètes", une "grande ronde du monde", où les noirs et les jaunes l'emporteront sur les blancs. Cette allusion à l'explosion démographique des pays décolonisés, déjà prévue par le démographe Alfred Sauvy, annonce la fin du monde germano-celtique. C'est là que Céline conclut que l'Europe est morte à Stalingrad, et il voit même la Bretagne des Des Touches de Lentillière envahie par les hordes asiatiques qui surgiront des steppes mongoliennes. Ce "camp des saints" n'est pas un hasard du XXème siècle: "À Byzance ils s'occupaient du sexe des anges au moment où déjà les Turcs secouaient les remparts... foutaient le feu aux bas quartiers, comme chez nous maintenant en Algérie..." (Rigodon, p.308)
La fin de l'Algérie française lui rappelle certainement la bataille de Stalingrad. Place désormais "aux janissaires, aux Baluba parfaits racistes, aux cadres fellagahs, aux voltigeurs viets décapiteurs 100%. (...) En eux est le Pouvoir, la tranquillité des banques". De la seconde guerre mondiale à celles des colonies, c'est toujours la Forteresse Europe qu'il continue à chevaucher : "À présent vingt ans plus tard j'ai toujours cette sensation d'ébriété... mais maintenant j'ai l'âge, le vent dans les voiles... l'homme doit tituber au trépas, saoul de la vie" (Rigodon, p.486). Car la mort est toujours la compagne de l'homme. À Berlin, Restif interpelle Céline : " Docteur, vite !... vous devez vous douter... toute cette gare ici n'est qu'un piège... tous ces gens des trains sont à liquider... ils sont de trop... vous aussi vous êtes de trop... moi aussi..." (Rigodon, p.151)
Si la guerre est si importante dans l'imaginaire célinien, c'est parce que l'homme la maîtrise aussi peu que ses gènes et qu'elle est hybride : sa nature double reflète la propre nature humaine, à la fois angélique et bestiale. De Pascal, Céline hérite le jansénisme des champs de bataille. Car la guerre est à la fois l'affirmation maximale de la volonté de puissance d'un état et le prodrome d'un anéantissement à venir. Dès lors, l'homme célinien est condamné à vivre dans la soumission aux synarchies qui provoquent et financent les guerres. De même que Bardamu est pathétique dans sa diaspora intérieure, les pamphlets dirigés contre les Sémites sont des poèmes rentrés pleins d'une ferveur pacifique. De plus, sa dérision de la guerre froide vient de ce que Céline se méfiait autant du marxisme dirigiste du Kremlin que du libéralisme apatride de Bilderberg ou de la Trilatérale. Le projet maçonnique du Président Roosevelt, à la conférence de Potsdam, visant à créer une superstructure planétaire – la République Universelle - , déplut toujours aux anarchistes de droite qui défendirent à l'inverse les sentiments nationaux et religieux. Dans Les Beaux draps, Céline écrivait que " l'art n'est que Race et Patrie". Au-delà d'un aphorisme maurrassien, il recherchait une mystique achronique capable de transcender les aléas de l'histoire et les conflits successifs. Il ne pouvait donc définir la guerre que comme le Phénix qui renaît de ses cendres, comme une " féerie pour une autre fois". Par là s'explique le caractère irrémissible du "rigodon" racial ou national qui sous-tend l'affirmation de la volonté de puissance de chaque état : dans Rigodon, le narrateur rencontre le colonel Cambremousse qui veut fonder un mouvement nationaliste. Son grade est certainement une allusion au "quarteron" stigmatisé par l'ancien rebelle de 1940, Charles de Gaulle. La raison d'état hante l'œuvre de Céline : Vichy ou Londres ? Alger la blanche ou Colombey ? Des Beaux draps à Rigodon, "les hautes tables sont raison d'état", et Céline précise dans Nord que l'essentiel pour être reconnu comme un héros consiste à "jouer de la flûte dans le bon sens". Mais en 1961, année de son décès, Céline congédie vite le colonel Cambremousse, considérant que "[le Blanc] est né pour disparaître". Désormais, "tous les dirigeants des grandes banques [font] leurs classes à Moscou" et le melting-pot couronne les influences apatrides : "Métissez ! credo absolu !", lance Céline dans Rigodon.
Plus important : à force de diaboliser le racisme de ses pamphlets, en leur donnant partialement une connotation de folie exterminatrice, on les exclut des paramètres de compréhension de l'histoire. Or, comment comprendre celle-ci qui commence bien avant 1789 sans intégrer en elle le désir d'hégémonie de chaque nation. C'est ce désir qui permit au Grec de civiliser l'Orient au siècle de Périclès, au Romain d'organiser l'Afrique du Nord et la Gaule, c'est encore lui qui jeta les Celtes en Turquie ou les Turcs aux portes de Vienne. C'est enfin lui qui justifia les empires coloniaux le panslavisme, le pangermanisme, le francisme ou le sionisme. Comment les "féeries" ne seraient-elles pas inévitables ? Hegel affirmait que "du choc des armées jaillit l'étincelle du génie" ; un siècle plus tard, Hitler écrira dans Mein Kampf : "L'humanité a grandi dans la lutte perpétuelle, la paix éternelle la conduirait au tombeau plus sûrement que la guerre." Dans le même temps, l'idéologie du progrès, issue du positivisme et de la maçonnerie spéculative, augmente les capacités de destructions guerrières. À deux reprises dans le siècle de Céline, la "féerie" sera mondiale. En 1943, dans une lettre adressée au quotidien Je suis partout, Céline demandera : "Peut-on choisir son Katyn ?"
Du désastre des Chevaliers Teutonniques à Tannenberg en 1410 à la bataille de Berlin en avril 1945, Céline voyait chaque état-nation se briser ou se bronzer dans la guerre : "L'Ordre d'Hitler, ne l'oublions pas, était tout aussi raciste que celui des Noirs du Mali ou des Jaunes du Hankéou" (Nord, p.294). Ailleurs, la même observation: "Moi qui suis extrêmement raciste, je me méfie, et l'avenir me donnera raison des extravagances des croisements" (D'un château l'autre, p. 242).
Se méfiant toujours des Synarchies internationales, de leurs pratiques et de leurs finalités, le Celte se souvient des combats ancestraux de sa race. Considérant la nation comme un fait biologique, comme une entité menacée de disparition, Céline est un pèlerin des Généalogies qui voit dans les luttes passées les prémices de nouvelles féeries. Car l'anarchiste de droite doute trop de la nature humaine pour croire un instant à la paix universelle et au "Messie collectif des droits de l'homme" prêché par Yahvé.
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